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L’écriture étrusque est la plus ancienne parmi celles des populations de l’Italie pré-romaine et l’histoire de sa formation se rattache directement à la naissance des écritures alphabétiques occidentales, codifiées à partir du modèle phénicien à travers la médiation grecque.
On peut dire qu’en réalité l’écriture est arrivée en Italie avec les colons grecs qui ont apporté avec eux l’alphabet, et ce dès leur venue sur le sol italien durant la première moitié du VIIIe siècle av. J.- C. De Pithécusses, puis de Cumes en Campanie, l’écriture s’est rapidement diffusée auprès des Étrusques, premiers partenaires commerciaux des Grecs en Italie, à travers le contact direct entre groupes de l’aristocratie étrusque et les élites coloniales.
L’alphabet est arrivé en Étrurie en même temps que l’idéologie du symposium et les ferments culturels et artistiques du Proche-Orient, faisant ainsi de l’écriture le phénomène le plus distinctif de l’époque dite orientalisante.
L’alphabet grec, dans sa variante eubéenne et chalcidique en usage chez les plus anciens colons de la Campanie, a tout d’abord été adopté intégralement par les Étrusques. Il comprenait aussi les lettres de la série phénicienne inutilisées dans l’écriture grecque ainsi que celles qui n’étaient pas nécessaires à la transcription de la langue étrusque. On peut dire en fait que, jusqu’à la première moitié du VIe siècle av. J.-C., les écritures en usage en Italie (grecque, latine, étrusque, italiques) utilisaient un même modèle alphabétique dont la tablette de Marsiliana d’Albegna offre un excellent exemple.
Toutefois, les exigences de la langue étrusque, différentes de celles du grec, ont imposé une sélection des signes utilisés qui excluait les occlusives sonores (beta et delta) et la voyelle /o/. Gamma, par contre fut utilisé dans l’écriture à la place de kappa et qoppa pour marquer l’occlusive vélaire sourde /k/.
Dans un second moment, l’existence de deux sifflantes différentes (prononcées comme le /s/ de “soin” et le /sc/ de “chérie”) a contraint à récupérer le signe phénicien tsade, en opposition avec sigma.
Pour marquer la spirante labiodentale /f/, inexistante dans l’écriture grecque, on a eu d’abord recours au digramme vh ou hv, pour ensuite introduire un nouveau signe en forme de 8.
La série alphabétique utilisée en étrusque, débarassée à la moitié du VIe siècle av. J.- C. des signes inutilisés dans l’écriture, était à peu près la suivante:
a c e v z h θ i k l m n p ś r s t u χ φ f
Mais en réalité, dans les diverses régions de l’Étrurie des systèmes graphiques différents ont été adoptés: par exemple dans le Nord on utilisait seulement kappa pour la vélaire sourde /k/, alors que tsade marquait le /s/ simple et sigma le /š/marqué(/ch/ de “chérie”); par contre, au Sud de Vulci et d’Orvieto les sifflantes étaient inversées (sigma pour /s/ et tsadé pour /š/) et, après une période de coexistence de c - k - q, on a préféré utiliser seulement gamma; enfin, seulement à Caeré, qui appartenait au groupe méridional, tsadé a été remplacé par sigma à quatre lignes.
Avec le temps, l’évolution de l’écriture étrusque a impliqué l’introduction de nouvelles variantes pour les signes (par exemple thêta sous forme de rond vide ou bien en forme de croix, la disparition de la queue inférieure de certaines lettres ou la courbure des traits obliques), sans modifier excessivement la séquence alphabétique et sans révolutionner le système d’écriture.
Du point de vue de la langue, ce que l’on appelle l’épigraphie étrusque récente, à partir du Ve siècle av. J.- C., se distingue de l’épigraphie archaïque par le phénomène de la syncope, à cause duquel les voyelles après l’accent s’affaiblissent dans la prononciation et ne sont plus transcrites, donnant cours à des graphies telles que Menrva au lieu de Menerva (nom d’une déesse) ou turce au lieu de turuce (verbe de don).
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