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Les écritures anciennes de la Méditerranée

Guide critique des ressources électroniques

Mycénien

par: Maurizio Del Freo (traduit par Nicole Maroger)


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Il s’agit d’une forme de grec attestée en Crète et dans la Grèce continentale entre le XIVe et le XIIIe siècle av. J.-C. Les textes sont constitués d’inscriptions, presque exclusivement de type comptable, et sont rédigés en linéaire B.

Le terme “mycénien”, employé pour la première fois par Michael Ventris et John Chadwick en 1953, a un sens purement conventionnel et entend souligner le fait que cette variété de grec est attestée durant la période du bronze tardif, période que les archéologues appellent “Mycénien” en raison de la domination exercée par Mycène dans le domaine de la culture matérielle.

Le mycénien ne présente pas de variétés dialectales significatives mais seulement des oscillations phonétiques et morphologiques qui se répètent à l’identique dans la plus grande partie des lieux d’attestation. Une telle uniformité fait penser au mycénien comme à une sorte de koinè.

La parenté grecque du mycénien est prouvée par une série d’innovations pan-helléniques, c’est-à-dire partagées par tous les dialectes grecs. Pour ce qui est de la phonétique, en mycénien sont attestés entre autre l’assourdissement des occlusives sonores aspirées indo-européennes (e-re-u-te-ro, eleutheros ‘libre’ < *leudh-, pas **e-re-u-de-ro), les évolutions *s- > h- e *-s- > -h- (a2-te-ro, hateron ‘autre’ < *sem-; pa-we-a2, pharweha ‘etoffes’ < *pharwes-), les évolutions des liens consonnantiques + s et s + consonne (par ex. me-no, mÄ“nnos ‘du mois’ < *mÄ“ns-), la double évolution de *y- (ze-so-me-no, dzessomenon ‘qui sera bouilli (scil. huile)’ < *yes-; o-, hōs ‘ainsi’ < *yo-), les évolutions des liens consonnantiques + *y (par.ex. to-so, tos(s)on ‘total’ < *tot-yo-) et les différentes évolutions des laryngées indo-européennes *H1, *H2 e *H3 (a-ne-mo, anemos ‘vent’ < *anH1-; pa-te, patÄ“r ‘père’ < *pH2-; do-so-mo, dosmos ‘tribut’ < *dH3-). En ce qui concerne la morphologie, sont attestés entre autre le nom. sing. en -ās des noms masculins en -ā- (e-re-ta, eretās ‘rameur’), le nom. pl. en -ai des noms en -ā- (di-pte-ra3, diphtherai ‘peaux’), le dat. pl. -si noms athématiques (ka-ke-u-si, khalkeu-si ‘aux bronziers’), la généralisation de la caractéristique -sa- des aoristes sigmatiques (de-ka-sa-to, dek-sa-to ‘il reçut’) et l’infinitif présent en -hen (e-ke-e, ekhehen ‘avoir, posséder’); pour la word formation, il faut signaler les féminins athématiques en -ya-/-yā- (i-je-re-ja, hiereia ‘prêtresse’) et les nomina agentis masculins en -tā- (e-re-ta, voir ci-dessus).

Le mycénien présente un grand nombre d’archaïsmes. Pour la phonétique, il faut signaler entre autre la conservation des occlusives labiovélaires indo-européennes *kw, *gw, *gwh (par ex. qo-u-ko-ro, gwoukolos ‘gardien de boeufs’, gr. boukolos; re-qo-me-no, leikwomenoi ‘rimanenti’, gr. leipomenoi), ), la conservation de la semi-voyelle *w (wa-na-ka, wanaks ‘roi, seigneur’, gr. anaks; ne-wo, newos ‘nouveau, jeune’, gr. neos; ko-wo, korwos ‘enfant, garçon’, gr. kouros, koros) ) et le maintien de *ā (ma-te, mātēr ‘mère’, ion.-att. mētēr); pour la morphologie, on peut rappeler entre autre l’absence de l’article, la désinence de l’instrumental -phi (pa-we-pi, phares-phi ‘pour les étoffes’), la désinence du dat. sing. -ei des noms athématiques [en alternance avec -i] (po-se-da-o-ne, Poseidāhōn-ei ‘à Poséidon’), le suffixe -yos- du comparatif (me-wi-jo-e, meiwiohes ‘plus petits’, me-zo-e, medzohes ‘plus grands’, respectivement de *meiw-yos- et *meg-yos-), les désinences -toi et -ntoi de la 3e pers. sing. et pl. moyenne des temps principaux (e-u-ke-to, eukhe-toi ‘il affirme, il soutient’; di-do-to, dido-ntoi ‘ils donnent’) et le suffixe -wos- des participes parfaits actifs (te-tu-ko-wo-a, tetukh-woh-a ‘finis, prêts’, à propos de tissus et autres objets, de la racine de teukhō).

La position dialectale du mycénien est un point très controversé sur lequel existent différents avis. Le plus courant considère le mycénien comme génétiquement proche des dialectes du groupe arcado-chypriote.



Les Écritures

  1. Linéaire B


Approfondissements

  1. Bibliographie
  2. Ressources en ligne