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Akkadien
Le terme "akkadien" désigne la branche linguistique orientale du sémitique, aujourd’hui disparue. L’aire linguistique de l’akkadien est la Mésopotamie, c’est-à-dire le territoire s’étendant entre les fleuves de l’Euphrate et du Tigre et correspondant approximativement à l’Iraq actuel. L’akkadien est une langue flexionnelle. Son nom, akkadûm, dérive du nom de la ville d’Akkad ou Agade, qui fut la capitale de l’empire de la dynastie sémitique de Sargon d’Akkad. Le système d’écriture de l’akkadien (cunéiforme akkadien) découle de celui qu’avaient créé les anciens scribes sumériens pour transcrire leur propre langue, le sumérien. Selon la subdivision historique conventionnelle, l’akkadien se différencie en trois grands dialectes: l’ancien ou paléo-akkadien, le babylonien et l’assyrien. Au cours du second et du premier millénaires av. J.-C., la langue akkadienne apparaît caractérisée par deux vastes aires dialectales géographiquement délimitables: le babylonien dans la Mésopotamie méridionale (Babylone) et l’assyrien dans la Mésopotamie septentrionale (Assyrie). Cette caractéristique dialectale de la langue akkadienne explique le fait qu’elle soit désignée aujourd’hui comme “assyro-babylonien” pour indiquer la langue des deux premiers millénaires av. J.-C. Le babylonien et l’assyrien se distinguent par toute une série de différences tant au niveau phonologique, morphologique que lexical. De très nombreux textes épistolaires, juridiques, administratifs, littéraires, lexicaux, scientifiques, rituels, oraculaires ainsi que des inscriptions royales sont rédigés dans ces deux variétés de l’akkadien. Au fur et à mesure que l’araméen et le système d’écriture alphabétique, plus versatile, se propagent et s’imposent, l’akkadien cesse d’être une langue parlée vraisemblablement vers le milieu du Ier millénaire av. J.-C., tout en survivant dans certaines enclaves situées dans des zones de la Mésopotamie méridionale au moins jusqu’à l’an 100 av. J.-C. Toutefois, on sait de source sûre que l’akkadien est utilisé comme langue écrite jusqu’au premier siècle de l’ère chrétienne.
Paléo-akkadien (env. 2350-2000 av. J.-C.)
Le paléo-akkadien est un dialecte de la zone de la Babylonie septentrionale qui doit son prestige au fait d’avoir été employé dans les centres du pouvoir des dynasties de Kish et de l’empire d’Akkad. L’akkadien du troisième millénaire peut être subdivisé en trois phases historiques: akkadien protodynastique, akkadien sargonide, akkadien d’Ur III. Les témoignages en langue akkadienne les plus anciens, consistant en des noms propres de personnes, se trouvent dans les textes de Fara (env. 2600 av. J.-C.) et dans ceux, guère plus tardifs, d’Abu Salabikh. C’est aux environs de 2350 av. J.-C. qu’apparaissent les premiers exemples de textes à caractère administratif et littéraire en paléo-akkadien, tandis que la période de plus grand prestige du dialecte coïncide avec l’égémonie politique et culturelle de la dynastie d’Akkad en Mésopotamie (2335 – 2154 av. J.-C.). C’est pourquoi la documentation en paléo-akkadien inclut les textes remontant aux règnes des souverains d’Akkad ainsi que les quelques textes akkadiens de la période de la troisième dynastie d’Ur (2112 – 2004 av. J.-C.).
Babylonien (env. 1900 av. J.-C. – 100 ap. J.-C.)
Le babylonien, dialecte akkadien de la Mésopotamie méridionale, est subdivisé en quatre phases historiques: ancien ou paléo-babylonien (env. 1900 – 1500 av. J.-C.), médio-babylonien (env. 1500 – 1000 av. J.-C.), néo-babylonien (env. 1000 – 600 av. J.-C.), babylonien tardif (env. 600 av. J.-C. – 100 ap. J.-C.). Défini par ses locuteurs comme “akkadien” (akkadûm), le babylonien connaîtra également une grande faveur comme langue littéraire et administrative en dehors des limites géographiques de la Babylonie proprement dite. On connaît plusieurs variétés historiques et locales du babylonien, soumises de différentes manières à l’influence d’autres langues. Citons les variétés régionales de Suse (Elam), de la région de Diyala (au nord-est de Baghdad) et de Mari (Syrie), de même que la variante écrite du babylonien utilisée comme langue franque par les scribes non akkadophones dans des zones périphériques telles qu’Amurru, Canaan, Ougarit, Emar, Hattuša, Nuzi, Alalakh. En Assyrie le babylonien est utilisé comme langue littéraire (anglais: “Standard Babylonian”, allemand: “Jungbabylonisch”) dans des textes de la tradition érudite et dans les inscriptions royales. Le paléo-babylonien, dialecte parlé au cours de la période de la première dynastie de Babylone (1894 – 1595 av. J.-C.) et témoin de la première éclosion de la littérature akkadienne, est considéré par les scribes de l’époque de la domination kassite de Babylone (XVe – XIIe siècle av. J.-C.) et des siècles suivants comme le modèle de la langue littéraire et sur cette variété fut modelée la langue des textes littéraires et des inscriptions monumentales du second et du premier millénaires av. J.-C. Durant le premier millénaire av. J.-C., la langue de la communication pratique et quotidienne, le néo-babylonien, apparaît soumise à l’influence prépondérante de l’araméen. Par contre, dans des textes à caractère littéraire et monumental les scribes continuent à employer la variante du “Standard Babylonian”. La phase finale du babylonien, qui débute environ à partir de l’an 600 av. J.-C., précisément à l’époque perse, séleucide et arsacide, est caractérisée par le babylonien tardif qui survit comme langue écrite jusqu’au premier siècle de l’ère chrétienne au sein de milieux restreints et cultivés liés au temple; à l’exception de ces derniers, la Mésopotamie se révèle désormais totalement aramophone. Le dernier texte datable en cunéiforme akkadien provient de Babylone et enregistre des événements astronomiques de l’an 75 ap. J.-C.
Assyrien (env. 1900 – 600 av. J.-C.)
L’assyrien, dialecte akkadien de la Mésopotamie septentrionale, est divisé en trois phases historiques: ancien ou paléo-assyrien (env. 1900 – 1700 av. J.-C.), médio-assyrien (env. 1500 – 1000 av. J.-C.), néo-assyrien (env. 1000 – 600 av. J.-C.). L’assyrien, qui tout au long de son histoire subit l’influence du plus prestigieux dialecte babylonien, présente par rapport à ce dernier des traits de facture archaïque qui l’apparentent au paléo-akkadien. Les premiers textes rédigés dans ce dialecte appartiennent à la documentation des colonies commerciales assyriennes en Anatolie. Le dialecte médio-assyrien est attesté par des lettres, des textes juridiques et administratifs, des recueils de lois. La phase finale du dialecte coïncide avec la période de l’apogée et du déclin de l’empire assyrien du premier millénaire av. J.-C. (IXe-VIIe siècle av. J.-C.). Alors que le néo-assyrien est employé comme langue de communication pratique dans des textes de nature légale, administrative, épistolaire ainsi que dans des textes oraculaires et, dans une moindre mesure, également dans certaines compositions littéraires, la langue de la tradition érudite et des inscriptions royales, quoiqu’une variante caractérisée par les assyrismes, est une forme littéraire et de facture archaïque du babylonien (“Standard Babylonian”). L’influence de plus en plus grande de l’araméen sur l’assyrien conduira avec le temps à une situation de bilinguisme araméen-assyrien dans le milieu impérial de l’Assyrie des VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. En témoignent l’adoption par les scribes assyriens de l’écriture alphabétique araméenne et la présence concomitante de cette dernière dans la transcription des opérations juridiques et administratives quotidiennes en cunéiforme akkadien.
Mésopotamie: aire de diffusion de la langue akkadienne et de l’écriture cunéiforme.
Dans la seconde moitié du second millénaire av. J.-C., le babylonien devient la langue des relations internationales des états du Proche Orient. Les chancelleries de différentes aires politiques de l’époque, de l’Égypte à l’Elam, adoptent cette langue, même si son usage de la part des scribes étrangers révèle des variations grammaticales significatives par rapport à l’akkadien parlé en Mésopotamie. L’usage de l’akkadien comme langue franque est prouvé dans des sites tels qu’Ougarit (Ras Shamra) et Emar (Tell Meskeneh) en Syrie, Hattuša (Boğazköy) et Alalakh (Tell Açana) en Turquie et el-Amarna en Égypte jusqu’à la crise de la fin du XIIIe siècle av. J.-C. Le cunéiforme était déjà présent dans des régions situées hors de l’aire proprement sumérienne déjà au début de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C. On en trouve des témoignages en Syrie à Ebla (Tell Mardikh), Tell Beydar et à Mari (Tell Hariri). L’écriture cunéiforme est ensuite adoptée au cours du IIe et du Ier millénaire av. J.-C. dans plusieurs zones géographiques et politiques du Proche Orient ancien pour écrire des langues non sémitiques telles que le hittite, le hourrite, l’élamite, l’urartéen et l’ancien perse.