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Le lycien est une langue parlée entre le milieu et la fin du Ier millénaire av. J.-C. en Lycie, région qui s’étend sur la côte sud-occidentale de l’Asie Mineure. Le nom de la région est d’origine grecque. Les habitants s’étaient donné le nom deTrmmili et appelaient leur région la Trmmisa.
Le lycien est une langue indo-européenne. On est certain désormais que le lycien et le luvite, langue du IIe millénaire av. J.-C., étaient apparentées et représentaient un sous-groupe de la famille linguistique indo-européenne de l’Anatolie. Les deux dialectes se seraient formés à partir d’un proto-luvite originel qui s’est développé le long d’une ligne directrice linguistique différente de celle formée par les autres dialectes de l’Anatolie: hittite, palaïque et lydien. La parenté entre le lycien et le luvite semble dépendre du fait qu’ils partagent un certain nombre d’isoglosses de la partie sud-occidentale de l’Anatolie.
Le lycien est subdivisé en deux dialectes dits lycien A et lycien B (milyen). De ce dernier ne restent que deux attestations, toutes les deux en vers et présentant apparemment des éléments archaïques par rapport au lycien A. Le rapport avec ce dernier est l’objet de débats mais il semblerait en l’état actuel des connaissances que les deux dialectes ne puissent être distingués sur la base d’une simple différenciation chronologique.
En ce qui concerne le lycien A on possède 200 inscriptions en écriture dextroverse. La plupart a un caractère funéraire mais on compte aussi quelques inscriptions publiques. Le lycien est conservé en outre dans un grand nombre de légendes de monnaies, dont certaines sinistroverses. Une brève inscription a été retrouvée en Égypte.
Il existe également quelques inscriptions bilingues en lycien et en grec qui témoignent d’un lien très fort entre ces deux cultures. Les bilingues comprennent une dizaine d’épitaphes, de dédicaces, de textes culturels et une décret fiscal. L’inscription trilingue de Letoon, écrite en lycien, en grec et en araméen, est fondamentale pour la compréhension du lycien. Il s’agit d’une stèle retrouvée en 1973 durant des fouilles archéologiques dans une aire sacrée près de Xanthe. L’inscription contient un décret du satrape Pixodaros datant du IVe siècle av. J.-C. (probablement 337 av. J.-C.), concernant le culte de deux divinités, le “roi de Kaunos” et Arkesimas. Une autre découverte importante est l’obélisque de Xanthe qui présente une inscription en lycien (lycien A et lycien B) et en grec (TAM I 44). L’inscription contient une longue description d’entreprises militaires accompagnée d’un épigramme en grec. Bien que ces monuments soient le témoignage de l’utilisation simultanée de ces langues, on ne peut affirmer qu’il y ait un véritable rapport de bilinguisme entre le lycien et le grec. Il s’agit en effet de compositions relatives à un même sujet mais différentes entre elles quant à la forme.
Il y a en outre quelques épitaphes et quelques monuments dédicatoires qui conservent aussi bien la version en lycien qu’en grec.
Bien que ces inscriptions, et surtout la trilingue de Letoon, de même que les caractéristiques que cette langue partage avec le luvite du IIe millénaire av. J.- C., aient produit des résultats appréciables quant à sa compréhension, on ne peut cependant toujours pas parler d’une langue totalement déchiffrée.