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Les écritures anciennes de la Méditerranée

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Phrygien

par: Giulia Torri (traduit par Nicole Maroger)


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La présence des Phrygiens sur le territoire de l’Anatolie centrale est attestée avec certitude à partir du VIIIe siècle av. J.- C. Mais on ignore à quel moment exactement les Phrygiens se sont installés sur le territoire. Cependant, la théorie selon laquelle ils auraient été les responsables de la fin de l’empire hittite, disparu en fait depuis plusieurs siècles lorsqu’on enregistre la présence des Phrygiens sur l’ancien site de la capitale du royaume de Hatti, Hattuša, semble désormais complètement caduque.

Au XIe siècle, un roi assyrien, Teglatpileser II, parle d’une bataille contre le peuple de Muški et, plus tard, Sargon II d’Assyrie (VIIIe siècle av.J.- C.) cite Midas, roi des Muški. C’est là le nom du roi des Phrygiens, Midas, successeur de son père Gordias et souverain de la Phrygie de 738 à 696. Le terme Muški pourrait donc être la dénomination que les Assyriens avaient donnée à cette population ou, tout au moins, à l’une de ses composantes ethniques. On peut donc supposer avec une relative certitude que les Phrygiens s’étaient déjà établis en Anatolie au cours de la dernière phase du IIe millénaire av. J.- C. Hérodote (VII 73), puis après lui Strabone (VII 3.2 et XII 8.3) et Pline l’Ancien (V.XLI 145) font venir les Phrygiens de la péninsule balcanique. Hérodote décrit leur vie avec les Macédoniens et raconte que ces derniers les appelaient Brugoi, Briges, Brukes. Les Phrygiens sont mentionnés dans l’Iliade comme les alliés des Troyens même s’ils ne prennent pas part à la guerre (Iliade 2.862-3). Il est fait état en particulier d’une visite du roi de Troie, Priam, au campement phrygien du côté du fleuve Sangarios et de l’aide qu’il prêta aux Phrygiens lors d’une attaque des Amazones (Iliade 3.184-9), à l’endroit où, en effet, fut par la suite retrouvée la ville de Gordion habitée par les Phrygiens durant le Ier millénaire av. J.- C.

Les Phrygiens parlaient une langue indo-européenne qui partage un certain nombre d’isoglosses avec les langues de l’Anatolie, comme par exemple la terminaison –s de la 3ème personne du singulier du prétérit et la terminaison –r des verbes moyens (qui n’est pas cependant exclusivement anatolienne), mais qui semble conserver une certaine distance par rapport aux langues de l’Anatolie de la même époque et des époques précédentes. On observe quelques contacts dus à l’influence des langues de l’Anatolie, en particulier le hittite et le luvite et surtout dans le domaine de l’onomastique, et à la vie en commun de ces populations sur le territoire anatolien. Les affinités les plus marquées apparaissent en effet avec le grec, ce qui laisse supposer une appartenance commune au même sous-groupe du proto-indo-européen et non une simple proximité géographique. Brixhe, en se penchant sur les titres de Midas figurant sur son monument (M-01a), est arrivé à la conclusion que les titres lavagtaei et vanaktei (au datif) étaient analogues au mycénien lawagetas et wanax, comme une sorte de développement autochtone et résultant par conséquent d’un héritage commun (Brixhe 1990, 73-75).

Le phrygien était parlé dans un vaste territoire comme le prouve la diffusion des inscriptions qui ont été retrouvées dans le centre de l’Anatolie (la Ville de Midas, Pteria et Gordion) en Bithynie, en Galice et en Cappadoce.

Le phrygien est encore mal compris. À l’exception de la formule de malédiction néo-phrygienne ios ni semoun kakoun addaket etittetikmenos eitou, qui correspond à la formule grecque, attestée séparément, et qui signifie: "que celui qui profanera cette chambre funéraire soit maudit!".



Les Écritures

  1. Phrygien