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Les écritures anciennes de la Méditerranée

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Phénicien

par: Paolo Merlo (traduit par Nicole Maroger)


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La langue phénicienne au sens étroit du terme est la langue sémitique des populations phéniciennes qui ont habité la frange côtière de la Méditerranée, plus ou moins de Tell-Suqas à Gaza, à partir du XIIe siècle av. J.-C. et ce jusqu’à l’affirmation du grec dans cette région.

Sa délimitation chronologique et géographique reste difficile à déterminer avec précision du fait, d’une part, que certains documents – comme les glosses cananéennes d’el-Amarna (XIVe siècle av. J.-C.) – peuvent être considérés comme le prolongement du phénicien, d’autre part parce que la langue phénicienne s’était propagée déjà au IXe siècle av. J.-C. en Asie Mineure et à Chypre et par la suite dans toutes les colonies phéniciennes de la Méditerranée. Il est d’usage cependant de considérer comme phéniciens seulement les documents postérieurs au XIIe siècle av. J.-C. Dans les zones de l’Afrique septentrionale et dans les colonies occidentales soumises à Carthage, la langue phénicienne a subi certaines modifications qui ont fait que le ‘dialecte’ attesté dans ces régions est habituellement appelé punique; ce n’est qu’après la chute de Carthage au IIe siècle av. J.-C. qu’en Afrique septentrionale le punique a subi une ultérieure évolution – surtout phonétique – et qu’il a été dénommé punique tardif. La phase linguistique du punique tardif se rattache à la phase d’écriture dite néo-punique.

Parentés linguistiques. La langue phénicienne est une langue sémitique appartenant à la famille des langues sémitiques nord-occidentales; cette famille linguistique est traditionnellement subdivisée en deux groupes: le groupe cananéen et le groupe araméen. Le phénicien appartient au groupe cananéen (tout comme l’hébreux, l’ammonite, le moabite et l’édomite) et apparaît comme une langue plutôt conservatrice du point de vue de l’orthographe, restant étroitement consonnantique dans la majeure partie de ses manifestations; c’est seulement dans une phase tardive, et surtout dans les dialectes puniques, que les signes consonnantiques ont commencé à signaler la présence de certaines voyelles.

Développement chronologique. Chronologiquement, la langue phénico-punique est déjà attestée par de courtes épigraphes aux XIIe et XIe siècles av. J.-C., tandis que les témoignages les plus récents s’étendent jusqu’au IIe siècle ap. J.-C. (exception faite des inscriptions en langue punique rédigées en écriture latine). Tout au long de ces siècles, la langue phénico-punique a subi d’importantes modifications que l’on peut distinguer et regrouper en plusieurs phases:
a) phénicien ancien, XIe-VIIe siècle av. J.-C.;
b) phénicien classique, VIe-Ier siècle av. J.-C. (certains subdivisent le phénicien classique en phénicien moyen et tardif);
c) punique, dans les colonies jusqu’au IIe siècle av. J.-C.;
d) punique tardif, à partir du IIe siècle av. J.-C.

Dialectes. Bien qu’il n’existe pas de documentation linguistique pour la langue phénicienne, on peut toutefois distinguer plusieurs variétés ‘dialectales’ à l’intérieur de celle-ci. Le dialecte archaïque de Byblos a des caractéristiques qui lui sont propres quant à certains pronoms et suffixes pronominaux; le dialecte de Tyr et de Sidon du Ve siècle av. J.-C. est considéré comme la forme classique du phénicien; l’absence presque totale de documentation ne permet pas de décrire d’une manière exhaustive les autres dialectes linguistiques phéniciens.

Documentation. La documentation littéraire, rédigée vraisemblablement sur papyrus, n’étant pas parvenue jusqu’à nous, on a des témoignages de la langue phénicienne surtout à travers les épigraphes. Datables des XIe et Xe siècles av. J.-C., on possède quelques pointes de flèches et une série d’inscriptions royales provenant de Byblos. Du IXe-VIIIe siècle av. J.-C. on a des inscriptions provenant de Chypre et plusieurs inscriptions monumentales d’Asie Mineure (où le phénicien a été employé comme langue de prestige par les gouverneurs locaux). Une série d’importantes inscriptions royales provenant de Sidon remonte au VIe-Ve siècle av. J.-C. et quelques inscriptions provenant de Byblos remontent au Ve-IVe siècle av. J.-C. On trouve des documents phéniciens du IVe-IIIe siècle av. J.-C. à Chypre et en Égypte tandis que les dernières inscriptions phéniciennes de Tyr et de ses alentours sont du IIe siècle av. J.-C.
Après quelques brèves épigraphes plus anciennes, à partir du VIe siècle av. J.-C. commence la documentation punique à Malte puis en Sicile, en Sardaigne, en Afrique du Nord, jusque dans le sud de l’Espagne. La majeure partie de ces inscriptions provient de Carthage et, à une époque plus tardive, de différentes zones de l’Afrique septentrionale.



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